Aux animaux
(Bientôt en librairie !)
Art du rat
Art du rat
Du rongeur songeur
Ne sourit pas
Face aux ignominies d’hominidés
À cette humanité qui manque d’humilité
Le conte du rat raconte
L’hypothèse de l’hippopotame
Que tous les animaux ont une âme
De se mouvoir et s’émouvoir
De se voir et percevoir
Peu importe la raison
Et que même les lucioles vont au ciel
Suivant le chemin de la chenille
Tu ris déjà de sa théorie ?
Ton esprit se ferme là comme une huître ?
Tu pries Dieu pour qu’il n’ait pas raison ?
Pétri de la même pâte tu leur voues du mépris ?
Parce que tu te les appropries
Leur vie n’aurait pas de prix ?
Alors tu leur réserves le pire
Ce droit de les faire périr
Mais au fond de qui es-tu épris ?
En vérité leur mort inutile
Te rapportera quoi en définitive ?
Même si tu veux ignorer cette perspective
Face à eux devant Dieu
Qu’allez-vous vous dire sur l’autre rive ?
Maintenant écoute l’anecdote de l’âne
Oui regarde donc l’onagre
Tu vois ses longues oreilles
Tu te focalises sur ses proéminences
Mais tu ne perçois son cœur
Sa subtile grandeur
L’âme de l’âne
Donc tu lui fais porter ton lourd fardeau
Tu le charges comme une bourrique
Le fais avancer entre carottes et coups de trique
Son dur labeur tu le méprises
Baudet entêté tu le ridiculises
Alors qu’il transporte tes marchandises
Tu crois te distinguer par credo ou cogito
De l’avoir nommé bourricot
Tu te crois sur un autre radeau
Mais tu ne vois même pas dans ton dos !
Et tu oublies qu’il fut une illustre monture
Vivre et laisser vivre
Est-ce parce que tu n’as pas d’ailes
Que tu es si cruel ?
Toi qui rêves d’être un ange
Pourquoi tuer ce que tu manges ?
Prendrais-tu en effet de la hauteur
Tu ferais cesser ces horreurs
Toi aussi de là-haut tu es pareil à un cafard
À la merci de Dieu ou du hasard
Tu sais que tous les êtres fuient la violence et la mort
Qui es-tu pour ainsi l’infliger encore ?
Tu peux choisir l’universel amour
Dieu ne veut pas de bouc émissaire
C’est la vie qu’il faut qu’on vénère
Aussi il n’est point requis de sacrifice
Mais de faire œuvre salvatrice
Nous sommes tous les enfants du soleil
Les éléphants comme les abeilles
Les hommes comme les pince-oreilles
Devant la vie qui donc ne s’émerveille ?
Nuire et ruiner
On ne rigole de leur gloriole
Leurs terribles trophées
Attestant leur morale atrophiée
Induisant ces animaux catastrophés
Puis tués par vanité
Faire trépasser pour passer le temps
Gratuité de leur brutalité
Fatuité qui tue
Distraction de la cruauté
Distinction en insanité
Fierté et férocité
Sinistre couple infernal
Fatal à cet autre animal
Dominer les anime
Ôter la vie les motive
Mort en leur morgue
Jouir de nuire
Plaisir à occire
Violenter et sentiment d’exister
Voilà ce qui guide ces perfides
Avides de sang et de petite renommée
Héroïsme funeste de l’égoïsme qui déteste
Je mortifère en leurs jeux délétères
Les animaux désignés rois pour proie
Ils se croient adroits et rusés
S’octroient ce droit de s’amuser
Impitoyables de ce qu’ils meurent
Confondant rage et courage
Leur ire engendre ce pire
Affligeant ce qu’ils infligent
Pour rapporter un rare cadavre
Et d’orner leur mur d’une morne dépouille
Avec l’œil encore plein de trouille
Buste lugubre, butin de leur orgueil
Leur haine empaillée trônant en évidence
Le cirque inique
Mais qu’est-ce que c’est que ce cirque
Où sous le prétexte du divertissement
Un homme au fond tyrannique
Impose un numéro de dément
Quel est ce spectacle pathétique
Où officie ce terrifiant dompteur
Qui cache la terrible pique
Qui oblige ces souffre-douleur
Cet authentique sadique
Sous la lumière des projecteurs
Au lieu d’un prodige magique
Prodigue véritablement le malheur
Et il n’y a vraiment rien de comique
À voir des animaux faire les pitres
Par crainte de discrets coups de trique
Empêchant qu’ils récalcitrent
C’est au contraire dramatique
De voir ces innocents impuissants
Soumis à un dresseur maléfique
Pavanant devant eux menaçant
Serait-ce donc le cirque diabolique
L’arène du fieffé dominateur
De l’homme violent et colérique
Vaniteux et dictateur
Écailles dans les mailles
Pêcheur n’entends-tu pas les pleurs des poissons ?
N’entends-tu pas ces hurlements des profondeurs ?
Immenses souffrances dont tu ne perçois le son
Et ainsi tu les crois insensibles à la douleur
Les flots sont pourtant pleins de soupirs et de sanglots
Leurs chaudes larmes sont diluées dans l’eau
Et tu ne vois pas leur chagrin noyé dans les vagues
Aveugle à leurs grands tourments tu divagues
Toi tu te penses tranquille
Aux aguets calme et silencieux
En vérité tes actes sont vils
Ôter ainsi la vie est odieux
Oui quand tu lances ta ligne
Tu te montres vraiment indigne
Car à l’autre bout quand ça mord
Cela annonce d’abord et surtout la mort
Voilà ton futile et funeste plaisir
De leurs simples existences se saisir
Tendre un triste piège et attendre
Qu’un naïf ou inattentif se fasse prendre
Et puis tu les vois qui se tortillent et agonisent
Une vétille car en vérité tu les méprises
À tes yeux leurs soubresauts symbolisent ta grande adresse
Aussi pas un instant n’as-tu ressenti leur terrible détresse
L’ironie dramatique c’est que tu te dis comme un poisson dans l’eau
Quand tu parles de ton égoïste bonheur
Proph-éthique
Ô homme !
Cesse de t’apitoyer sur ton sort
De te croire victime de tous les maux
Pense donc aussi à l’immense tort
Que tu causes aux autres animaux
Ils sont bien tes égaux
Aussi cesse de leur donner la mort
Rabaisse ton immense ego
Devant Dieu vous êtes consorts
Vous êtes pareils de chair et d’os
Semblables et sensibles
De poussière et d’eau
Périssables et putrescibles
Ensemble sur le même radeau
Il est intolérable et incompréhensible
En vertu d’une raison ou d’un credo
De perpétrer tes crimes irrémissibles
Tu te comportes comme un cannibale
À manger ton vieux frère animal
Et si certains d’entre eux d’autres dévorent
Toi au moins tu peux choisir d’être herbivore
Dominer n’implique de supériorité
Mais suppose devoirs et responsabilités
Clairvoyant tu ravaleras ton orgueil et ta vanité
Ta grandeur sera de protéger et de soigner
Tu t’excuseras spécialement auprès des porcs
Tous les bateaux de pêche rentreront au port
Les bouchers se reconvertiront en fleuristes
Les chasseurs en naturalistes
Dès lors tes repas seront frugaux
Mais être juste sera ton réconfort
Adieu steaks et gigots
Pacifique et sage tu seras bien plus fort
On ne rit pas à la corrida
Point d’art dans l’arène
Mais le règne de la haine
Et de la vanité humaine
Non il n’y a pas de beauté
À ce spectacle de la cruauté
Et à voir la vie futilement ôtée
Et le torero a tort
De donner la mort
Et de se croire un héros
Son illusion de maestria
N’est rien qu’un lâche assassinat
Issue d’un simulacre de combat
C’est la barbarie en scène
Ces coups déloyaux qu’il assène
Le crime d’une volonté malsaine
Et cette futile et funeste férocité
Qui ne manifeste que morbidité
Est une terrible expression de perversité
Ainsi il flatte bassement l’orgueil
De ces hommes égarés dont il trompe l’œil
Tandis que ces animaux il endeuille
Il parade alors se pavanant
Dans son costume éclatant et clinquant
Qui tente de masquer ses actes obscurs et affligeants
Triste truisme
Que de dénoncer cette tuerie rituelle et ce vil voyeurisme
Comme un atroce anthropocentrisme
Terrible tradition indigne même de Cro-Magnon
Nécro-section
Le bourreau porte une blouse blanche
Et au nom de sa vénérée science
C’est la sainte vie qu’il retranche
En toute bonne conscience
Aveugle au sacrilège
Ces existences qu’il abrège
Il exerce sa puissance
Insensible à la souffrance
Et d’extirper l’animal de la cage
Pour perpétrer son outrage
Sur ces innocents il expérimente
Odieux concepteur d’épouvante
Cependant il invoque le progrès
Pour légitimer son inutile forfait
Un raisonnement bancal
Prétendant au médical
Pourtant dispensateur de mort
Assassin il s’ignore
Torturant froidement
Dans son égarement flagrant
Méconnaissant le sacré
Détruisant l’être
Il se désire vertueux
Mais il les tue eux
Coups de filets
Comme on balaye des feuilles mortes
Ils ratissent les fonds
Et tous les poissons emportent
Leur avidité atteignant le tréfonds
Leur gigantesque chalut pélagique
Rafle tout dans les abîmes
En un piège absolu et tragique
Comme des milliers d’hameçons qui déciment
Leur appât du gain est en effet effroyable
Et l’idéologie non moins abominable
Qui néglige les êtres à nageoires
Considérant leurs vies comme dérisoires
Embarquant des bancs entiers
Sans distinction ni aucune pitié
Ils les font prisonniers des mailles
Du funeste filet où se briseront leurs écailles
Du dauphin ou du requin à la sardine
Pêle-mêle tous ils les assassinent
Et les jettent à la pelle dans des bacs
Pour qu’ils finissent surgelés dans des sacs
Ce bateau-tueur est l’éphémère tombeau
L’usine infernale du génocide
De ce peuple des mers que l’on trucide
Faisant de leur corps de tristes lambeaux
Que ne s’émerveillent-ils pas de ce qu’ils nagent
Au lieu de commettre ces carnages
Du commersang de mortande
Quand je passe devant une boucherie
Je vois rouge
Et ma bouche est triste
Devant cette boutique macabre
Regorgeant de corps égorgés et de cadavres
Aboutissement de l’impitoyable tuerie
J’ai alors un regard noir face à ce commerçant
Et son tablier blanc tout recouvert de sang
Qui au milieu de ces carcasses
Proclame que rien ne le tracasse
La jovialité affichée sur son visage
Tentant de faire oublier l’usine d’équarrissage
Et les cris des lointains et terribles abattoirs
Ces endroits concentrationnaires et sacrificatoires
Ne parviennent nullement aux oreilles de ces citadins
Qui pensent que d’acheter de la viande est anodin
Et le boucher donc d’aiguiser la lame
Qui déguise l’éloigné et invisible drame
Sa trompeuse bonne humeur de carnaval
Dissimulant le fait qu’il dépèce un animal
Il s’applique à faire de belles tranches
À occulter ces flancs, ces jambes et autres hanches
Habillant feu les bêtes pour pouvoir les présenter sur l’étal
Et d’éviter que le client ne s’horrifie et ne détale
Et celui-ci d’oublier la barbarie intrinsèque à la barbaque
La viande étant paradoxalement désincarnée
Et l’autre de vendre ce qui fut autrefois plein de vie et animé
Voilà donc son travail à ce costaud et son long couteau
Qui pourtant tout rougeaud et pas maigrichon
Ressemble lui-même étrangement à un cochon
Lettre aux bouchers
Ne croyez pas que le végétarien végète !
Ou qu’il mange les pissenlits par la racine
Ce n’est pas un légume
Il ne reste pas là planté comme un poireau
Au contraire il a la patate
Et s’il n’a pas un radis
Il garde une poire pour la soif
D’avoir eu la cerise
On en prend de la graine
Aussi, ne veut-il pas vous raconter de salades
Ni vous la faire à l’oseille
Ni vous carotter
Il vous fait juste part du fruit de sa réflexion
Il y a une pomme de discorde entre vous et lui
Il ne veut pas de votre viande à la noix
Ni chair ni poisson
Eh oui ! Il n’est pas mi-figue mi-raisin
Pour lui les autres animaux ne comptent pas pour des prunes
Et il pense qu’avec vous c’est la fin des haricots
Remarquez, il ne vous demande pas d’aller vous faire cuire un œuf
Et espère que vous n’en ferez pas un fromage
Extrémités
L’homme fier de s’exhiber pour manger
Se cache tout honteux pour déféquer
De manier baguette et fourchette
Il pense se différencier des autres bêtes
Et de sacrifier celles-ci sans le moindre procès
Pour le plaisir si éphémère de son palais
Des cadavres sanguinolents dans son assiette
Ne troublant sa pensée violente et satisfaite
Mais voilà pourtant que le transit intestinal
Le ravale à son juste rang d’animal
Et de ressembler alors étrangement à ce chien
Dans l’humble posture de soulager ses intestins
Zoo
Quel spectacle tragique
Que cette prison zoologique
Ce petit pénitencier
Rempli d’innocents prisonniers
Dont le seul crime serait d’exister
Et d’exciter l’humaine curiosité
Les visites sont donc autorisées
Sinon ils mourraient de solitude et d’ennui
Et les enfants surtout de venir les admirer
Dans ce qu’on nomme aussi ménagerie
Mais des animaux derrière des barreaux
Devant toujours se tenir à carreau
Des bêtes au fond de fosses
Ne peuvent mener qu’une vie fausse
Et personne ne leur a dit aux enfants
Que si celui-ci tourne en rond
C’est qu’il frise la folie
Que si cet autre rigolo hoche la tête
C’est que la démence le guette
Que si celui-là reste prostré
C’est qu’il rêve de son indépendance passée
Que cet autre qui se gratte jusqu’au sang
Est un grand allergique à l’enfermement
Que celui-là qui a l’air si gris et si terne
A perdu ses couleurs depuis qu’on l’interne
Finalement ils visitent un asile animalier
D’êtres sensibles par certains humains aliénés
La plupart profondément dépressifs et stressés
Ne pensant tous qu’à recouvrer leur liberté
Et les geôliers eux se targuent que leurs captifs ont procréé
Une exception qu’ils se hâtent de médiatiser
Comme pour prouver que leurs détenus ne sont pas malheureux
Tentant de justifier l’existence de ces lieux ignominieux
En outre, ils arguent qu’ils sauvent et préservent des espèces
Alors même qu’ils pillent la nature sans qu’il y paraisse
Comme si une rare naissance pouvait perpétuer le règne
D’animaux autonomes qui ne tolèrent qu’on les contraigne
Ils disent aussi remplir une mission pédagogique
N’en percevant eux-mêmes la dimension idéologique
Que les animaux seraient à notre entière disposition
En vertu de notre totale domination
Un fait terrible dans ces circonstances affligeantes
C’est que ces gardiens sont nécessaires
Autrement le public leur ferait les pires misères
Profitant lâchement de leurs situations impuissantes
Ah au lieu de faire un spectacle artificiel de leur différence
Nous devrions au contraire leur témoigner de la déférence
Barbarie en blouse blanche
Dans le secret du froid laboratoire
Des opérations à la vie attentatoires
Se déroulent souvent et sans émouvoir
Le technicien à l’insensible savoir
À l’abri des regards
Dans son atelier glacial
Il perpètre sans le moindre égard
Ses crimes contre l’autre animal
À de simples objets les réduisant
Il expérimente égoïste et stoïque
Dramatiquement fier de son entendement
De la raison un vrai fanatique
Et ces actes infects
En milieu désinfecté
N’affectent sa conscience
Tant il est aveuglé par sa violence
Impassible il suit son protocole
Obsédé par de prétendues connaissances
Sans voir leurs saintes auréoles
Lui manquant la juste clairvoyance
Jusqu’alors caché dans la cité
Lui qui commet de telles atrocités
Il est grand temps de lui faire cesser
Ses brutales et sacrilèges activités
Pour une science sans violence
De savants faisant preuve de sapience
Une recherche éminemment éthique
Intrinsèquement pacifique
D’abord au service de la Vie
Respect du Vivant en tous ses aspects
Raison et sensibilité de chœur
Conditions sine qua non
Pour la connaissance juste et bonne
Les suppliciés
Il y a des figures de coqs en haut de leurs églises
Serait-ce donc cet oiseau qu’ils divinisent ?
Non à visiter leurs fermes on saisit la méprise
Là ils les enferment et martyrisent
Et on ne peut pas dire qu’ils font dans le détail
Pour s’occuper de ce qu’ils nomment bétail
Le paysan étant devenu un effroyable gestionnaire
Pratiquant l’ignoble élevage concentrationnaire
Il applique la désuète théorie des animaux-machines
Ignorant les âmes des bêtes qu’il élève puis assassine
Celles-ci étant traitées comme simples productrices de chair
Payant cette idéologie horriblement cher
Feriez-vous un tour dans ces sombres hangars
Et vous les verriez sur du béton derrière des barres
Entravées et dans l’incapacité de se mouvoir
Brisées stressées au comble du désespoir
En ce lieu carcéral il n’y a pas de lumière
Excepté la lampe du gardien et tortionnaire
Qui vient contrôler l’atmosphère pénitentiaire
Où l’ombre terrifiante plane du lointain actionnaire
Il vérifie que tous les détenus engraissent
Ils doivent vite prendre du poids car le temps presse
Peu lui importe qu’on allaite entre des barreaux
Ou que d’autres oppressés restent sur le carreau
Ils sont en effet si compressés que certains défaillent
L’environnement étant putride et suffocant
Il n’y a pas le moindre brin d’air ou de paille
Pour respirer et reposer sur son flanc
Tout est mené d’une main de fer
Pour pouvoir rapporter de l’argent
Ils se moquent de ce qu’ils souffrent ou ont souffert
Ils sont durs et leurs actes affligeants
C’est ainsi qu’ils les méprisent et brutalisent
Leur imposant leur inconsciente barbarie
Infligeant leur rage et leur abominable bêtise
Les faisant survivre avant abattage en batterie
L’arbre à carne
Au carnaval des carnivores
Les barbares qui s’ignorent
Autour du barbecue se réunissent
Ils y engloutissent et dévorent
Mille morceaux de barbaque
Et des tonnes de saucisses
C’est véritablement orgiaque
Toute cette viande en surabondance
Et ainsi ils font bombance
Partageant ces myriades de grillades
Dans une grosse rigolade
Mais si pour les hommes c’est gargantuesque
Pour les animaux c’est tout à fait dantesque
Car pour ceux qui finissent carbonisés
Après avoir été d’abord stigmatisés
C’est carrément moche
Ce banquet de la bidoche
Et c’est vrai que c’est atrocement laid
De se faire tuer pour satisfaire le goût d’un palais
Mais eux ça n’a même pas effleuré leurs pensées
Ils ne se sont pas un instant souciés de leur sort
Ils ignorent ou ont oublié la violence et la mort
À l’origine de la chair qu’ils ont consommée
Car ce sont d’autres qui se chargent d’assassiner
Et ils pourraient ainsi croire que la carne pousse sur les arbres
Tant ils n’ont pas conscience de manger de cadavres
Quel terrible et funeste destin
Que de mourir pour leurs festins
Terribles contradictions
Chien chat cheval
Voilà les trois favoris que tu chéris
Qui représentent pour toi le monde animal
Les autres bêtes n’étant bonnes que pour la boucherie
Mais pourquoi donc cet amour exclusif
N’est-ce pas considérablement abusif
D’un côté ceux que tu câlines ou cajoles
De l’autre ceux que tu encages ou immoles
Une telle discrimination est un crime
Qui permet qu’on les décime
Mais où diable est donc la différence
Entre celui que tu adores
Et celui dont tu ignores la souffrance
Au nom de quoi certains devront mourir
Et d’autres vivre sans trop avoir à subir
Certes le chien t’obéit te flatte
Et tu t’enorgueillis d’avoir un chat
Un félin dans ta maison
Qui lui aussi habilement te flagorne
Ainsi donc ils t’ont amadoué
Et tu es fier de dominer le cheval
Ta vanité les aurait ainsi considérés
D’être caressés dans le sens du poil
Et puis tu peux leur témoigner de la tendresse
Ils te réconfortent dans tes accès de faiblesse
Mais tu ne les aimes pas toujours pour eux-mêmes
Il y a souvent une question d’intérêt
Tu les utilises pour exprimer tes affects
Autrement avec eux aussi tu serais infect
Et ils subiraient tes incroyables contradictions
Comme celles de monter l’étalon le matin
Et de manger du cheval le soir
D’admirer son poisson rouge dans le bocal
Et d’aller pêcher ensuite à l’étang local
De partir avec son chien se balader
Tout en portant une fourrure de canidé
De donner généreusement du pain aux canes et à leurs canetons
De cette même mie où l’on trouvait plus tôt du pâté de canard
Le funeste anthropocentrisme
Pour eux, les autres animaux
Les humains pourraient être comme des dieux
À la place de cela certains incarnent le diable
Et ce qu’ils leur infligent est effroyable
Difficilement imaginable et odieux
Les humains peuvent vraiment être impitoyables
Au lieu d’être humbles et miséricordieux
Leur vanité et leur vilenie sont incroyables
Le mal en eux est redoutable, mordieu
Et ainsi ici-bas sous les cieux
Se perpètrent les actes inqualifiables
Aux raisons faussement justifiables
De ces êtres violents et pernicieux
Au nom de quelles valeurs
Peut-on en effet légitimer ces horreurs ?
Quelle cause doctrinaire
Autorise ces faits cruels et sanguinaires
Si ce n’est ce dogme prétentieux
Qui perpétue la violence et la haine
D’une prétendue supériorité humaine
Qui donnerait un droit irrévérencieux
À disposer des bêtes sans la moindre gêne
Dont la destinée présupposée
Serait de naître afin de sustenter les hommes ?
Et de propager le malheur
Et d’inspirer la terreur
À ces animaux également magnifiques
Soumis à leur tyrannie satanique
Au lieu de réaliser, sagaces
Qu’ils auraient pu être à leur place
Il serait juste en vérité de proposer des caresses
De mettre en pratique une haute idée de la sagesse
Au lieu de moquer la pensée non-violente antispéciste
Cette éthique pacifiste
Vie suprême
Ils abattent les agneaux
Mais baptisent leurs bateaux
Ils ont des troupeaux qu’ils torturent
Mais caressent le capot de leur voiture
Ils méprisent et maltraitent leur bétail
Mais aiment à embrasser leurs coupes et médailles
Ils massacrent le vivant à haute dose
Mais chérissent les objets et les choses
Ainsi d’exterminer flore et faune
Tout en priant ou en baisant leurs icônes
Et les félins d’attendre leur dernière heure
Et le tigre d’apparaître dans le moteur
Violenter les êtres les obnubile
Alors ils parlent de cimetières automobiles
Ils ne respectent pas la vie
L’or les éblouit dont ils ont envie
Sage végétarien
Ils dominent et déraisonnent
Assassinent puis assaisonnent
On peut vivre sans faire couler le sang
On n’a pas à les faire mourir
Pour sainement se nourrir
Alors épargnons ces innocents
Et finissons-en avec les tortures
Occasionnées par notre nourriture
Refusons ces aliments de la cruauté
Choisissons les fruits, légumes et crudités
Arrêtons de les faire cuire et d’en faire du cuir
Leur destin n’est pas de finir dans nos intestins
Mais de vivre libres comme les humains
Il n’y a plus lieu de faire la guerre à l’animal
Comme il était vital de le faire naguère
On se doit de le protéger
Exister sans tuer
Ni violenter
C’est ce à quoi il faut s’évertuer
Les animaux sont nos frères
Et ils ont déjà par trop souffert
Pour eux devenez végétarien
Voilà qui sera sage et bien
Ensuite végétalien
Œuvres de Dieu
Les oiseaux ? Plus près du soleil que nous
Leurs ailes écrivent des poèmes dans le ciel
Leurs plumes y laissant des traces de miel
Que les poètes en sont jaloux
Les animaux ? Plus près des arbres que nous
Leurs corps nagent dans les feuillages
Et leurs ébats inspirent les sages
Qui sont avec eux très doux
Les poissons ? Plus près des abysses que nous
Ils ont beau n’avoir que des nageoires
Si profond est leur savoir
Qu’envieux sont les marabouts
Les insectes ? Plus près des fleurs que nous
Ils ont l’art de la métamorphose
Apprécient le parfum des roses
Les écrasent méchamment les fous
Les crustacés ? Plus près du sable que nous
Ils sont sagaces sous leur carapace
Ont du courage face aux menaces
Les maltraitent les voyous
Œuvres de Dieu
Ils sont aussi proches de Lui que nous
Alors arrêtons de leur tordre le cou
Ouvrons grands les yeux
Cruelle solitude
À voir comme tu traites aujourd’hui les non-humains
On ne s’étonne que tu sois sans nouvelle des non-Terriens
Imagine un peu une autre intelligence
Pourquoi donc te rendrait-elle visite ?
À constater ta violence
On prendrait plutôt la fuite
Toi qui fondamentalement méprises
Les autres êtres doués de sentience
Qui globalement brutalises
Les autres existences
Dont certaines tu martyrises
Toi qui fais preuve d’intolérance
Qui ne sais résoudre calmement les crises
Tu inspires certainement à autrui de la méfiance
N’importe qui venu d’ailleurs
S’apercevrait aussitôt de tes flagrantes erreurs
Et que tu as du chemin à faire pour être meilleur
Car pour l’heure tu inspires la terreur
Vois ta funeste férocité
Qui t’empêche d’atteindre la félicité
Qui engendre tant d’atrocités
Et ce même au sein de ta propre cité
Vois tes furieuses guerres
Qui se perpètrent sous les hémisphères
Car il te manque l’exigence de la paix
Et tu traites ton prochain avec irrespect
Vois comme tu malmènes
Tes cousins animaux
Victimes de tes grossiers maux
Barbarie, cruauté et haine
Ah oui quel lointain explorateur
N’éprouverait pas de la frayeur
Face aux bellicosités d’un tel sauvage
Qui est encore loin d’être sage